Moi, Tituba sorcière…, Maryse Condé

20200417 Tituba vidareads

Partant d’une archive des procès des Sorcières de Salem qui commencèrent en 1692, Maryse Condé réécrit et donne vie à Tituba, une femme noire esclave condamnée pour sorcellerie lors de ces mêmes procès et invisibilisée par l’Histoire.

A la manière d’un conte, Tituba retrace son histoire, sa naissance, son départ à Boston puis Salem, son procès et, finalement, son retour à la Barbade, son île natale. Ce roman est l’histoire de toute une vie. Tituba nous conte ses amours et ses espoirs.

En discutant avec une amie, celle-ci me fît remarquer à quel point Tituba était naïve, elle ne cessait de croire en l’amour et aux hommes et se laissait aller à son instinct et tous ses désirs. Tituba est souvent présenté comme un personnage éminemment féministe. Pourtant, ce n’est pas comme cela que semble la percevoir Maryse Condé, pour qui Tituba a trop grand goût des hommes pour qu’on puisse faire d’elle une féministe (Maryse Condé, La vie sans fards, 2012, p. 235)

Dans La vie sans fards, Maryse Condé écrit ceci à propos de son roman Moi, Tituba, sorcière noire de Salem:

Aux Etats-Unis, la signification provocatrice, largement parodique et moqueuse de ce roman, fut quelque peu occultée par la belle préface d’Angela Davis, un peu trop sérieuse et grave à mon gré. (Maryse Condé, La vie sans fards, 2012, p. 235)

Cette description et cette vision de son roman n’a pas manqué de me surprendre. Je n’avais pas perçu le côté parodique, ni moqueur, pour moi, ce roman était – et l’est encore – une réelle ode aux (in)vaincues, une contre-narration que j’aurais aimé pouvoir lire sur les bancs de l’école. Le style simple, directe et accessible de la plume de Maryse Condé m’a tout de suite plu et je l’ai lu presque d’une seule traite. Il est vrai que malgré la gravité des thématiques abordées, le roman reste léger, ce qui peut sembler paradoxal et presque déroutant.

Ce roman a été un réel coup de coeur, une révélation, le roman que j’avais attendu de lire toute ma vie. Il m’avait tellement plu, que je voulais absolument organiser une lecture publique, ce que j’avais alors proposé à une amie comédienne amateure, Mélissa Catoquessa. Elle était elle aussi sous le charme du roman et c’est de cette manière que nous avons pu mettre en place, avec le collectif dont je fais partie, le Collectif Faites des Vagues et Mélissa Catoquessa, une pièce de théâtre nommée Tituba et dont la fiche de salle faite par le Théâtre de l’Usine est visible sur l’image derrière le roman.

J’ai aussi eu l’occasion inespérée de rencontrer Maryse Condé à l’été 2019 grâce à Fanny de l’Agenda Azanya lors d’un weekend organisé par ses soins. Maryse Condé est une femme inspirante, qui ne s’arrête pas d’écrire et parle exactement comme ses livres, le même langage et la même simplicité percutante. J’ai hâte de continuer à la lire.