L’âge d’or, Diane Mazloum

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Sur le bandeau de couverture (illustré par Lamia Ziadé), Georgina du Liban, première femme du Moyen-Orient a avoir reçu le titre de Miss Univers en 1971 et Ali Hassan Salameh, leader palestinien du groupe Septembre noir, puis bras droit de Yasser Arafat.

L’âge d’or, c’est l’histoire improbable et pourtant véridique de la rencontre et l’histoire d’amour entre Georgina et Ali Hassan.

C’est un roman léger et grave qui retrace 13 ans d’histoire du Liban. Entre les soirées arrosées à l’Acapulco et les bombes, la vie dans les quartiers chrétiens aisés de Beyrouth, la lutte pour la cause palestinienne, c’est l’histoire d’un minuscule pays qui devient le terrain d’affrontements et d’une terrible guerre civile.

C’est les antagonismes qui font le Liban et cette union entre deux êtres que tout semble séparer en est la plus belle métaphore.

Ce roman est un véritable coup de coeur.

* * *

Citations 

« Monsieur Tyan, dont la devise est, « Vivons nos clichés sans complexes », a pris l’initiative, avec le soutien du lycée franco-libanais, de proposer des journées dont le but est d’atteindre la station de ski des Cèdres, dans le nord du pays, puis de redescendre à Beyrouth plonger en pleine mer des Rochers du Sporting Club, le tout en neuf heures chrono. » p. 42

« Le sentiment d’exil lui est tout aussi étranger. Cette mélancolie générationnelle qu’ont en commun les siens, dispersés aux quatre vents – cette « mélancolie palestinienne », comme on dit en Occident – ne vient jamais brouiller les traits de son visage, voiler la couleur de ses yeux ou faire flancher le ton de sa voix. » p. 89

« Elle a conscience de l’amour infini qu’il lui porte, mais ne peut surmonter la trahison, cette éclaboussure qui a contaminé même leurs plus beaux souvenirs. » p. 222

« Toujours aussi petit, petit comme un poing, on en fait le tour en un jour et une nuit. Comment un si petit pays a-t-il pu causer autant de dégâts ? » p. 269

 

Le jour où Nina Simone a cessé de chanter, Darina Al Joundi et Mohamed Kacimi

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C’est un magnifique livre qui mêle l’historique à l’intime.

Darina Al Joundi nous raconte son père, la guerre au Liban, Arnoun, Beyrouth, l’exil, Bagdad, Fairouz et encore l’exil. Elle nous explique aussi, comment, d’un jour à l’autre elle est devenue musulmane alors qu’athée. Elle nous décrit le Liban, ses guerres, ses effondrements et ses redressements. Tout ça, c’est jusqu’à la moitié du livre. Elle nous décrit Beyrouth comme la plus belle ville du monde. Elle m’a rappelé mes premières vacances seule avec mon père. C’était en 2009, trois ans après la guerre de l’été 2006 et une année après les conflits de 2008. Les bâtiments qui longeaient l’aéroport portaient encore l’impact des bombes. A part cet endroit précis, le pays semblait rétabli (le Liban est petit et en un jour nous avions parcouru de Baalbek à Tyr), la vie avait repris son cours et des immeubles demandaient à être construit sur la côte. Darina Al-Joundi appelle cela l’amnésie, j’avais plutôt perçu cela comme de la résistance.

Au départ, on ne se rend pas compte à quel point Darina va nous faire descendre avec elle dans les tréfonds de son enfer. Sa vie et ses anecdotes me faisaient sourire, sa manière de raconter rendait la tragédie légère. Au fur et à mesure des pages, elle nous emmène dans les recoins de sa vie de plus en plus glauques, plus la guerre avance, plus on a la nausée et plus Darina sombre. Ça ne s’arrête pas avec l’accord de paix du 17 mai 1983. Elle nous fait assister à sa noyade dans l’alcool, la drogue et les relations amoureuses violentes. Elle nous emmène avec elle dans l’internat psychiatrique de la Soeur Thérèse à Jounieh. Darina Al-Joundi nous raconte comment la plus belle ville du monde peut devenir la plus immonde.

Citations

« Le soleil déclinait sur la mer. Devant l’immeuble, mon père souriant m’attendait avec un bouquet de fleurs et des Tampax. » p. 59 

« Nayla, qui tenait à passer la nuit chez une de ses amies, s’est heurtée à son refus. Ecoeurée par ce père libertin devenu liberticide, elle a tenté de se suicider en avançant une boîte d’aspre. Effrayée, j’ai voulu alerter mon père. Il a couru dans la chambre et, voyant la boite d’aspro vide, il a dit: – Qu’elle crève, si elle veut se suicider pour passer la nuit chez une copine. » p. 61 

« A part le bruit des bombes, le quartier était secoué parfois par les cris des supporters de foot. C’étaient les derniers jours de la coupe du monde et tout le Liban était rivé devant la télé. » p. 88 

 

Bye Bye Babylone, Lamia Ziadé

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La première fois que j’ai vu le nom de Lamia Ziadé, c’était à la Librairie du Boulevard à Genève. C’était au début de l’année 2016 et son premier roman graphique Ô nuit, Ô mes yeux: Le Caire, Beyrouth, Damas, Jérusalem venait de paraître peu de temps avant. La magnifique couverture, et bien sûre le thème abordé, ont tout de suite attiré mon attention. Je ne l’ai pourtant pas acheté, le livre paraissait trop parfait, un roman graphique qui parle de musique et d’orient, c’était suspect.

Depuis, j’avais plusieurs fois entendu parlé de ses livres et avais notamment entendu de très bons échos.

C’est pourtant par hasard, en cherchant des livres à emprunter à la bibliothèque féministe Filigrane que j’ai réellement découvert cette autrice et ses magnifiques dessins en empruntant Bye Bye Babylone.

Dans ce livre, Lamia Ziadé nous raconte la guerre, le Liban, Beyrouth, l’innocence de l’enfance et tellement d’autre chose. C’est un roman qui se regarde et se lit et qui nous plonge dans une espèce de mélancolie.

C’est un coup de coeur.