À la fin de ma lecture, je n’arrive pas à dire si j’ai apprécié ce livre. Je ne sais pas. Je n’ai pas tout compris, je dois même dire, qu’au début, je ne comprenais pas grand chose. Je n’arrivais pas à crocher au langage du petit qui s’exprime en terme socialiste pour décrire son écoles, ses « luttes de classes », et j’avais de la peine à situer Dabilly.
Je n’avais vu aucune interview de Gauz avant la lecture et avais oublié tous les résumés que j’avais lu au sujet de ce roman. Du coup, entrer dedans a été extrêmement difficile, situer les personnages, leur époque et leur histoire aussi. Ce n’est qu’après avoir écrit à Fanny, la créatrice d’Azanya que je me suis rendue compte du nombre inconsidérable de références historiques de ce roman.
En effet, le roman aborde la question de la colonisation sous un angle particulier, celui d’un prolétaire français qui nous raconte l’Afrique au moment où il s’y est retrouvé un peu par défaut, par tentative de construire une vie meilleure qu’en France, avec plus d’opportunité. Ce qui est aussi extrêmement intéressant c’est ce qu’on apprend sur la population de Grand Bassam et les interactions avec les français qui, à l’époque, n’avaient à proprement parlé pas encore réellement colonisés et aussi comment « la turista » n’épargnait déjà pas à l’époque (au Mexique la turista est appelée la vengeance de Moctezuma, nom du dernier roi aztèque vaincu par les colons espagnols).
Je pense que, pour reprendre les termes de Fanny, ce livre est une mine d’or en terme d’éléments historiques mais il m’aurait été impossible de comprendre tout ce que j’ai compris sans les explications de Gauz dans ses interviews. Je pense relire ce livre dans quelques temps pour pouvoir l’apprécier à sa juste valeur.
Concernant les qualités littéraires de ce roman (j’ai vu dans un commentaire que Léonora Miano regrettait que les lectrices-lecteurs ne commentent pas la qualité littéraire des œuvres qu’iels avaient lu), la plume de Gauz est directe, simple; il passe de la parole d’un enfant à des descriptions anthropologiques. D’ailleurs, sa capacité à donner vie à un homme blanc prolétaire du 18ème siècle est impressionnante.